10 idées reçues que votre médecin dément

La soupe fait grandir, les épinards rendent fort… de nombreux refrains passent de génération en génération, pour convaincre les plus petits de faire comme les plus grands.

Mais parmi eux, des idées reçues qui prennent leur origine dans des erreurs scientifiques ou des malentendus médicaux. Démêlons tout ça !

Les épinards sont gorgés de fer

Les épinards sont gorgés de fer
© Martin CC BY-NC-ND / Flickr

Une simple virgule apposée au mauvais endroit par un chimiste allemand en 1870 a réussi à fixer dans les esprits l'idée selon laquelle les épinards contiendraient une quantité phénoménale de fer et seraient idéals pour :

  • les femmes en période de menstruation, enceintes ou ménopausées ;
  • les adolescents.

Or, malgré les études postérieures qui ont révélé l'erreur, peu de gens savent que ce légume vert contient en réalité seulement :

  • 3,6 mg de fer pour 100 g de feuilles cuites* ;
  • 2,7 mg pour 100 g de feuilles crues*.

Pas de quoi, donc, vous transformer en Popeye !

Bon à savoir : le fer compose l'hémoglobine et l'aide à transporter l'oxygène dans chaque organe.

*Source : https://nutriments.monalimentation.org

Craquer ses doigts donne de l'arthrose

Craquer ses doigts donne de l'arthrose
© Hradcanska CC BY-NC-SA / Flickr

Si vous faites régulièrement craquer vos doigts, vous avez peut-être souvent entendu un voisin agacé vous asséner « arrête, ça donne de l'arthrose ! ».

  • En réalité, ce bruit de craquement ne provient pas d'un mouvement des articulations, mais de la libération de bulles de gaz retenues alors dans un liquide : la synovie.
  • Ce liquide permet de réduire le frottement entre les articulations, c'est pourquoi une fois les bulles de gaz éliminées par le craquement, on a l'impression d'être plus libre de ses mouvements !

D’ailleurs, aucune preuve scientifique ne démontre que le fait de faire craquer ses articulations peut provoquer l’apparition d’arthrose. L’allergologue américain Donald Unger a fait craquer les doigts de sa main gauche pendant 50 ans pour prouver que cela n'avait aucune incidence sur l’arthrose. Vous pouvez donc continuer à faire craquer vos doigts à votre guise… et à irriter votre voisin !

Les cigarettes light sont moins dangereuses

Les cigarettes light sont moins dangereuses
© Thinkstock

Si vous vous croyez moins exposés aux risques de cancer en fumant des « light », vous vous trompez doublement.

  • Les cigarettes légères incitent le fumeur à fumer davantage.
  • Il va tirer des plus profondes bouffées pour compenser la dose moindre de nicotine.
  • Au bout du compte, le risque de cancer est identique chez les fumeurs de light et ceux de cigarettes classiques.

La grippe se soigne avec des antibiotiques

La grippe se soigne avec des antibiotiques
© Thinkstock

« Les antibiotiques, c'est pas automatique. »

Si cette campagne de communication a marqué les esprits, que signifie-t-elle en pratique ?

  • Les antibiotiques servent à soigner les maladies bactériennes comme l'angine d'origine bactérienne, provoquées par des bactéries.
  • En revanche, ils s'avèrent totalement inefficaces contre les maladies virales comme l'angine virale ou la grippe, provoquées par des virus. Dans ce cas, les médecins prescrivent d'abord des antiviraux.

Bon à savoir : une bactérie est un micro-organisme tandis qu'un virus est un agent pathogène qui ne peut se multiplier qu'une fois à l'intérieur d'une cellule vivante.

Le mal de gorge se soigne avec du sirop

Le mal de gorge se soigne avec du sirop
© Thinkstock

Le sirop contre la toux est un faux-ami ! Il s'avère inefficace, voire dangereux pour l'adulte et l'enfant, dans certains cas.

  • Les sirops contre la toux délivrés sans ordonnance peuvent renforcer l'inflammation de la gorge au lieu de la guérir.
  • Contre le mal de gorge, mieux vaut opter pour :
    • des pastilles ou une tisane au miel ;
    • une consultation médicale.

Le paracétamol est inoffensif

Le paracétamol est inoffensif
© Thinkstock

Le paracétamol est le médicament-réflexe pour les maux du quotidien. Règles douloureuses, migraines, mal de dos… Ce médicament vendu sans ordonnance révèle pourtant sur sa notice :

  • Sa toxicité hépatique : quand il est éliminé du corps, l'organisme le transforme en NAPQI, un composé organique toxique responsable de la destruction des cellules du foie. Cette fonction délétère n'est possible qu'en l'absence de glutathion, une sorte d'antipoison dont disposent toutes les cellules.
  • Les risques de provoquer de l'asthme chez le fœtus et l'enfant qui en consomme de façon régulière (au moins une fois par mois).
  • L'exposition prénatale au paracétamol pourrait altérer le développement fœtal, ce qui pourrait se traduire par des troubles neurodéveloppementaux, reproductifs et urogénitaux (il reste cependant un des seuls traitements autorisés quel que soit le terme de la grossesse).
  • Les effets néfastes sur les reins au terme d'une prise régulière.

La combinaison prétendument mauvaise de l'aspirine et du paracétamol est aussi justifiée :

  • Le paracétamol inhibe la synthèse des prostaglandines, les substances qui provoquent la sensation de douleur. Il est également antipyrétique (diminue la fièvre).
  • L'aspirine combine ces deux vertus avec une capacité anti-inflammatoire que n'a pas le paracétamol.

La prise des deux médicaments de façon simultanée pourrait donc effectivement provoquer un surdosage en antalgique et antipyrétique, ce qui entraînerait la destruction des cellules du foie, comme expliqué plus haut.

À noter : depuis le 15 janvier 2020, les médicaments contenant du paracétamol et certains anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibuprofène et aspirine), bien que toujours disponibles sans ordonnance, ne peuvent plus être présentés en libre accès dans les pharmacies (décision de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé du 17 décembre 2019 modifiant la liste mentionnée à l’article R. 5121-202 du Code de la santé publique).

Une prise de sang ? Je dois être à jeun !

Une prise de sang ? Je dois être à jeun !
© Thinkstock

Les laboratoires d'analyses médicales n'exigent le jeûne que pour les prises de sang en vue d'une analyse :

  • de glycémie, c'est à dire la concentration de glucose dans le plasma ;
  • de cholestérol, soit le taux de LDL, appelé mauvais cholestérol, et le taux de HDL, le bon cholestérol ;
  • de triglycérides, les graisses du sang qui ne constituent pas les deux formes précédentes de cholestérol.

Dans les autres cas, vous pouvez manger normalement avant.

La nicotine est cancérigène

La nicotine est cancérigène
© Thinkstock

Le cancer n'appartient pas à la longue liste des effets dévastateurs de la nicotine.

Certes, à terme, la cigarette :

  • provoque le cancer des bronches, du larynx et de la bouche ;
  • est un facteur favorisant ceux des voies digestives, des reins, de la vessie, des voies urinaires et du col de l'utérus.

Ces cancers se déclenchent après une exposition aux composants toxiques que contient la cigarette, comme le goudron ou le monoxyde de carbone. Pas à cause de la nicotine, qui agit « seulement » sur le système nerveux et provoque l'état de dépendance.

Le vaccin contre la grippe rend malade

Le vaccin contre la grippe rend malade
© Thinkstock

La grippe, facilement guérissable aujourd'hui, reste toutefois une maladie très inconfortable voire mortelle pour les personnes les plus faibles (jeunes enfants, personnes âgées ou diminuées, etc.).

Ce virus mute pour déjouer nos défenses naturelles, mais pour le contrer, les chercheurs développent chaque année un vaccin :

  • Ce vaccin se compose de souches inactivées de la dernière mutation du virus.
  • Lorsque nos défenses naturelles se trouvent exposées à la nouvelle forme du virus, l'organisme réagit rapidement pour éliminer les intrus.

C'est l'injection intramusculaire du vaccin (dose unique de 0,5 ml du vaccin tétra valent Flucelvax tétra® à partir de 9 ans) qui peut provoquer de légers malaises et maux de tête dans la journée qui suit.

À noter : depuis la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière 2019/2020 dans l’hémisphère nord, les pharmaciens d’officine volontaires et formés peuvent vacciner contre la grippe,

Toutefois, ces petits désagréments permettent d'éviter d'autres tracas plus graves, surtout chez les personnes fragiles (et en particulier chez les patients atteints d’un rhumatisme inflammatoire chronique) : une infection pulmonaire bactérienne (pneumonie) ou une aggravation d'une maladie chronique déjà existante (diabète, broncho-pneumopathie chronique obstructive, insuffisance cardiaque...).

Bon à savoir : selon une étude américaine toutefois, la vaccination antigrippale verrait son efficacité diminuer avec le temps au cours d’une saison. Ainsi, le risque de présenter un test influenza positif augmenterait de 16 % tous les 28 jours supplémentaires écoulés depuis la vaccination.

Antibiotiques : boire de l'alcool est formellement interdit

Antibiotiques : boire de l'alcool est formellement interdit
© Thinkstock

Les antibiotiques sont métabolisés par le foie, de même que l'alcool. Par ailleurs, l'alcool irrite l'estomac, tout comme les antibiotiques.

La combinaison des deux provoque donc une double irritation des parois de l'estomac et demande un surplus d'énergie important au foie, au moment où l'organisme est le plus faible.

Mais l'ingestion simultanée d'alcool et d'antibiotiques n'est strictement interdite que sous la prise de métronidazole, un antibiotique antibactérien. Cela provoquerait :

  • des vomissements et annulerait donc les effets de ce dernier ;
  • des vertiges ;
  • des convulsions.

Pages Jaunes vous en dit plus

L'automédication peut avoir de graves conséquences sur la santé si elle n'est pas maîtrisée et se base sur de simples croyances.

Nos guides pratiques peuvent vous aider à faire le tour d'un sujet :

Pour aller plus loin, consultez :

En cas de doute, consultez toujours un médecin qui saura vous prescrire le traitement adapté.

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