Il existe plusieurs types d'anticorps dont le rôle principal est de se lier aux particules antigéniques pour les neutraliser et pour aider à leur destruction. La présence dans l'organisme de certains anticorps procure une immunité plus ou moins durable contre les antigènes ciblés. On vous en parle tout de suite dans cet article !
Anticorps : définition
Les anticorps ou immunoglobulines sont des protéines de la famille des immunoglobulines produites par des cellules sanguines de l'immunité, lymphocytes B et plasmocytes, pour agir contre des particules reconnues comme étrangères appelées antigènes.
Des anticorps sont utilisés en médecine dans le domaine de la prévention ou du diagnostic de certaines pathologies. Depuis les années 80, La mise au point de la production industrielle d'anticorps spécifiques a aussi permis leur utilisation en immunothérapie pour le traitement curatif de maladies graves, comme des cancers ou des maladies auto-immunes.
Mode d'action des anticorps
L'action des anticorps est liée à plusieurs mécanismes de défense particuliers.
Reconnaissance spécifique de l'antigène
La composition de l'anticorps dépend de celle de l'antigène qui a déclenché sa production :
- La structure générale d'une molécule d'anticorps est en forme de Y. Elle est constituée de 4 chaines d'acides aminés : 2 chaines lourdes (H pour heavy) identiques formant le pied du Y et 2 chaines légères (L pour light) identiques formant les branches du Y.
- Chacune de ces chaines possède une partie constante et une partie variable. Les parties constantes varient peu d'un anticorps à l'autre. Les parties variables des extrémités des chaines constituent la zone de contact ou paratope qui permet la reconnaissance spécifique d'un ou plusieurs épitopes (déterminants antigéniques) et la liaison antigène-anticorps.
Neutralisation de l'antigène
Lorsque des antigènes pénètrent dans l'organisme, les plasmocytes (cellules formées à partir des lymphocytes B) produisent en grande quantité d'anticorps qui vont se fixer sur les antigènes intrus. L'association antigène-anticorps est appelé le complexe immun.
En activant certaines protéines enzymatiques du plasma, appelées système du complément, le complexe immun forme un agglomérat qui permet de neutraliser l'antigène en l'empêchant d'agir et de le présenter aux cellules chargées de le détruire (macrophages, lymphocytes tueurs, polynucléaires neutrophiles).
Mémoire immunitaire
Une partie des anticorps produits restent présents à la surface de certaines cellules et assurent une protection durable de l'organisme. Lors d'un second contact avec le même antigène, ces cellules « mémoire » permettent une réponse plus rapide et plus intense à l'agression. C'est sur cette caractéristique que repose le principe de la vaccination.
Anticorps : les différentes classes et leurs caractéristiques
Chaque être humain possède dans son organisme des millions d'anticorps capables de se lier spécifiquement à un seul type d'antigène d'origine exogène (bactérie, champignon, virus, parasite, pollen, toxine...) ou endogène (cellules tumorale, protéine anormale...).
Les anticorps de type immunoglobulines présents dans le corps humain sont subdivisés en cinq classes possédant des caractéristiques particulières :
Les immunoglobulines A (IgA)
Les immunoglobulines A (IgA) se trouvent essentiellement dans les muqueuses (vagin, bouche, rectum, œil, voies respiratoires, etc.). Elles ont pour rôle d'empêcher les agents pathogènes de se lier aux cellules de recouvrement (muqueuses, épiderme). Elles ont une action immédiate sur les microbes.
Les immunoglobulines E (IgE)
Les immunoglobulines E (IgE) sont sécrétées par les plasmocytes dans la peau, les voies digestives, les amygdales et les voies respiratoires. Elles ont une action sur les parasites et on les retrouve dans les mécanismes de l'allergie.
Les immunoglobulines M (IgM)
Les immunoglobulines M (IgM) sont produites lors du premier contact de l'organisme avec un antigène. Leur présence dans le sang indique une infection en cours.
Les immunoglobulines G (IgG)
Les immunoglobulines G (IgG) sont les plus nombreuses (75 à 80 % des anticorps circulants) et les seules capables d'entraîner l'immunité passive du fœtus en traversant le placenta. Elles sont fabriquées lors d'un contact avec un antigène et leur rôle est de protéger l'organisme contre les bactéries, les virus et les toxines qui circulent dans le sang et la lymphe. Elles participent également à la réponse mémoire.
Les immunoglobulines D (IgD)
Les immunoglobulines D (IgD) sont le plus souvent attachées à la surface des lymphocytes B où elles jouent un rôle de récepteurs des antigènes.
Utilisation thérapeutique des anticorps
Certains anticorps sont utilisés en médecine. On les retrouve :
En sérothérapie
Le sérum d'anticorps a pour but de protéger un sujet contre un agent pathogène (infectieux ou toxique) donné en lui administrant des anticorps fabriqués par un autre organisme (un homme ou un animal).
L'immunité acquise est immédiate mais de courte durée. (exemples : sérum antitétanique, sérum antivenimeux, immunoglobulines contre la rage).
En immunothérapie
Des injections d'anticorps monoclonaux (contre un seul type d'épitope) sont utilisées pour détruire des cellules spécifiques dans le traitement de certains cancers (lymphomes, cancer du sein...), de maladies auto-immunes et d'autres pathologies chroniques.
On notera parmi ces traitements :
- la bithérapie Ronapreve® développée par la biotech américaine Regeneron en partenariat avec le laboratoire Roche, qui associe deux anticorps monoclonaux (casirivimab et imdevimab), dirigés spécifiquement contre la protéine S (spike ou spicule) du Sars-CoV-2 (Covid-19) ; ils agissent en empêchant la pénétration du virus dans les cellules, luttant ainsi contre sa réplication ;
- le Regkirona® élaboré par Celltrion Healthcare et qui contient du regdanvimab, un autre anticorps monoclonal destiné aux adultes fragiles qui ont la Covid-19, mais qui n'ont pas besoin d'oxygène ;
- le Xevudy® (sotrovimab), un anticorps monoclonal du laboratoire GSK qui possède la même indication (adultes et adolescents de 12 ans et plus, pesant plus de 40 kg, infectés par le SARS-CoV-2, qui ne nécessitent pas de supplémentation en oxygène mais qui présentent un risque de faire une forme sévère de la maladie).
Bon à savoir : si les effets secondaires sévères sont rares, ils sont toutefois plus fréquents qu’avec les traitements standards, l’hypothyroïdie étant l’effet indésirable sérieux le plus fréquent (5,6 % des patients). En ce qui concerne le Ronapreve® et le Regkirona® les principaux événements indésirables répertoriés sont liés à leur mode d'administration (intraveineuse).
En biologie médicale
Des réactifs à base d'anticorps sont utilisés dans certains tests de diagnostic (exemples : test de grossesse, test d'ovulation, test de dépistage d'une maladie infectieuse).
La recherche et le dosage d'anticorps spécifiques dans le sang permettent d'évaluer une protection vaccinale ou de diagnostiquer certaines pathologies (exemples : recherche d’agglutinines irrégulières, recherche d'auto-anticorps des maladies immunologiques).
En tant que traitement préventif
Courant 2018, l'Agence européenne des médicaments (EMA) a donné un avis favorable pour une autorisation de mise sur le marché de l’anticorps monoclonal Emgality® (galcanézumab) pour la prévention de la migraine. Réservé aux patients qui ont au moins quatre jours de migraine par mois, ce traitement se présente sous forme de solution injectable et il permet une réduction moyenne de 1,9 jour de migraine par mois.
De même, l'Aimovig® (érénumab) est un anticorps monoclonal pour la prophylaxie de la migraine qui a été autorisé en 2018 au niveau européen.
Bon à savoir : l’avis de l’EMA a été transmis à la Commission européenne (CE) pour l’adoption d’une décision concernant l’autorisation de mise sur le marché du médicament au sein de l’UE. Une fois l’autorisation de mise sur le marché accordée par la CE, les décisions sur le prix et les remboursements se dérouleront au niveau de chaque État membre.