Kétamine

Sommaire

prescription du médecin Thinkstock

La kétamine est un médicament utilisé couramment comme anesthésique général en médecine humaine et vétérinaire. Ses caractéristiques spécifiques lui confèrent un intérêt pour certaines interventions chirurgicales par rapport aux autres anesthésiques. Par ailleurs, elle fait l’objet d’un usage détourné en tant que drogue, ce qui justifie son classement comme stupéfiant par la réglementation.

Qu’est-ce que la kétamine ?

La kétamine est une molécule dérivée de la phencyclidine, utilisée comme médicament anesthésique général d’action rapide, à la fois chez l’homme et chez l’animal. Elle se présente comme une poudre blanche disponible :

  • soit sous forme liquide (ampoules, flacons) ;
  • soit sous forme solide (comprimés, gélules).

À noter : la kétamine est prescrite par un médecin anesthésiste ou un médecin vétérinaire.

La kétamine est administrée généralement par voie intraveineuse ou intramusculaire et la dose utilisée est adaptée :

  • à chaque personne, en fonction de son poids, de sa taille, de son âge et de son état de santé ;
  • à la voie d’administration ;
  • à l’intervention chirurgicale (durée, nature).

Utilisations médicales de la kétamine

La kétamine est initialement un anesthésique général, utilisé couramment en médecine humaine et animale pour endormir une personne ou un animal avant une intervention chirurgicale. Elle est principalement utilisée pour les opérations de courte durée en raison de sa durée d’action (15 min environ pour une injection) et les injections doivent être répétées si l’anesthésie doit être prolongée.

Elle peut également être utilisée pour réaliser des actes médicaux douloureux, tels que le changement de pansement chez un brûlé. Le plus souvent, un médicament analgésique (contre la douleur) est administré parallèlement à la kétamine.

Bon à savoir : par ses propriétés, la kétamine s’avère particulièrement intéressante pour l’anesthésie des enfants, des asthmatiques et des personnes dont l’état de santé est très altéré.

Depuis quelques années, on a également recours à la kétamine dans le traitement des épisodes dépressifs résistants. Ce traitement est cependant réservé à une utilisation en milieu hospitalier et dans quelques centres seulement, car son caractère éphémère le rend relativement difficile à manier dans cette indication.

À noter que la kétamine existe aujourd'hui sous une autre galénique, l'eskétamine, qui s'administre par pulvérisations intranasales (une fois par semaine ou deux fois par mois) et qui a également montré son efficacité dans le traitement des épisodes dépressifs résistants en permettant une diminution de 70 % des rechutes.

Source : Dally E : Esketamine en solution pour pulvérisation nasale associée à un antidépresseur oral pour la prévention des rechutes dans la dépression résistante : Résultats d’une étude randomisée, multicentrique, en double aveugle (Sustain-1). 17ème congrès de l’Encéphale (Paris) : 23-25 janvier 2019.

En Europe, le Comité des médicaments à usage humain (CHMP) a émis en octobre 2019 un avis favorable recommandant l'autorisation de mise sur le marché de l'eskétamine dans l’Union Européenne. En France, ce médicament dispose depuis septembre 2019 d’une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) dans des épisodes dépressifs résistants n’ayant pas répondu à au moins deux antidépresseurs de deux classes différentes et résistants ou ne pouvant ou acceptant de recevoir une électroconvulsivothérapie. Son administration est cependant réservée aux psychiatres hospitaliers.

Effets secondaires de la kétamine

La kétamine peut entraîner différents types d’effets secondaires, plus ou moins fréquents et variables selon les personnes et la dose utilisée :

  • des réactions allergiques ;
  • une augmentation de la tension artérielle et de la fréquence cardiaque ou des troubles du rythme cardiaque ;
  • des mouvements anormaux des yeux, une vision double ;
  • une anxiété ;
  • des contractions musculaires involontaires ;
  • une diminution de la fonction respiratoire (en cas de fortes doses) et des troubles respiratoires ;
  • des nausées et vomissements ;
  • une augmentation de la sécrétion de salive ;
  • une augmentation de courte durée de la pression intracrânienne.

Attention : au réveil de l’anesthésie, des comportements anormaux sont souvent imputés à la kétamine, comme des rêves étranges, hallucinations et délires ou encore une désorientation ou une agitation.

Quant à l'eskétamine, ses effets secondaires (généralement temporaires puisqu'ils disparaissent dans les 2 heures) sont des étourdissements (41,2 %), des troubles dissociatifs (38,6 %), des nausées et vomissements (33,3 %), une somnolence (22,8 %), des maux de tête, des vertiges, une dysgueusie (perturbation du goût) et une hypoesthésie.

Sources : Congrès de l’Encéphale de Paris du 22 au 24 janvier 2020, d’après la communication de D.J. Fu, et coll. (Pennington, États-Unis).

Précautions d’emploi de la kétamine

La kétamine présente des contre-indications et ne peut pas être utilisée chez les personnes atteintes :

  • d’allergies connues à la kétamine ;
  • d’hypertension artérielle ;
  • d’insuffisance cardiaque sévère ;
  • d’antécédents d’accidents cardiovasculaires ;
  • d’alcoolisme ;
  • d’hypertension intracrânienne ou intra-oculaire, quelle qu’en soit la cause ;
  • de troubles psychiatriques (schizophrénie, psychoses).

La kétamine est susceptible d’interagir avec de nombreux autres médicaments. Il est donc capital d’informer le médecin anesthésiste de la prise de tout traitement médicamenteux. Il assurera de toute façon une surveillance médicale étroite du patient tout au long de l’anesthésie et durant les premières heures après l’anesthésie.

Pendant la grossesse, la kétamine est contre-indiquée dans les derniers mois ainsi que chez les patientes souffrant d’éclampsie ou de toxémie gravidique. Elle peut néanmoins être utilisée lors d’un accouchement par voie basse, avec une posologie adaptée, ou plus souvent lors des césariennes. La kétamine est également contre-indiquée au cours de l'allaitement. 

Bon à savoir : depuis plusieurs années, elle fait partie des drogues illicites (en raison de son action anesthésique et de ses effets euphorisants). Elle est ainsi classée par la réglementation comme stupéfiant.

Ces pros peuvent vous aider