
La grossesse est une période délicate pendant laquelle la femme enceinte doit préserver la santé de son bébé en évitant la prise d'un des nombreux médicaments allopathiques déconseillés. Certains médicaments peuvent cependant être utilisés lorsque le médecin les juge indispensables à la santé de la future mère. Existe-t-il des risques lorsqu'on mêle antidépresseurs et grossesse ? PagesJaunes fait le point avec vous !
Antidépresseurs et grossesse : association possible mais prudente
D'après les statistiques, on estime que 12 % des femmes souffrent de troubles dépressifs pendant leur grossesse.
Le mauvais état psychologique de la future mère peut avoir des conséquences néfastes pour le développement du bébé.
La prise d'un médicament antidépresseur peut remédier à ce problème et aucun de ces médicaments, utilisés en France, n'est contre-indiqué pendant la grossesse. La décision d'entreprendre ou de poursuivre un traitement antidépresseur peut donc être envisagée, au cas par cas, et en concertation avec un médecin traitant ou un psychiatre.
À noter : le bénéfice de la prise d’antidépresseur durant la grossesse sur le risque de récidive de dépression après la grossesse n’est pas clairement démontré.
Si vous êtes enceinte et que votre médecin pense qu'un traitement antidépresseur est nécessaire, il doit vous proposer le médicament le plus adapté à votre cas, après une évaluation de son rapport bénéfice/risque spécifique, et le prescrire à la dose efficace la plus faible possible.
Si vous tombez enceinte alors que vous êtes déjà sous traitement antidépresseur, vous ne devez pas arrêter votre traitement sans avis médical (ce que font cependant 50 % des femmes) pour éviter le risque de rechute qui peut être sévère. L'adaptation du traitement (réduction des doses, remplacement ou arrêt du médicament) nécessite un accompagnement et une surveillance médicale pour contrôler les risques d'effets secondaires.
Lorsque l'utilisation de l'antidépresseur est poursuivie jusqu'à la fin de la grossesse, une surveillance particulière et un examen complet du nouveau-né à sa naissance sont nécessaires.
Certaines catégories d'antidépresseurs sont plus indiquées que d'autres pendant la grossesse. En raison d'une meilleure tolérance, l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) recommande d'utiliser de préférence un des antidépresseurs inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) les mieux connus en cours de grossesse, comme la fluoxétine (Prozac®), la sertraline (Zoloft®), ou le citalopram (Seropram®).
Toutefois, le citalopram et l’escitalopram (Seroplex®) exposent à un surcroît d’allongements de l’intervalle QT de l’électrocardiogramme et à des torsades de pointes par rapport à d’autres antidépresseurs IRS, ainsi qu’à des surdoses aux conséquences plus graves. De plus, tous les ISRS sont dotés d’effets négatifs sur la fonction sexuelle des hommes (et des femmes) : éjaculations ou orgasmes retardés.
À noter : suite au décret n° 2017-550 du 14 avril 2017, des pictogrammes « femmes enceintes » sont apposés sur les boîtes de médicaments à risque fœtotoxique ou tératogène à compter du 17 octobre 2017. Le pictogramme avec un cercle rouge barré et une silhouette de femme enceinte à l'intérieur correspond à une interdiction totale d'utiliser le médicament pendant tout ou partie de la grossesse. Le pictogramme avec un triangle rouge et une silhouette de femme enceinte recommande de ne pas utiliser le médicament pendant la grossesse, sauf en l'absence d'alternative thérapeutique.
Risques des antidépresseurs pour le bébé
En traversant le placenta, les antidépresseurs sont susceptibles d'affecter le fœtus et d'entraîner des effets secondaires sur le nouveau-né.
Des études portant sur les médicaments antidépresseurs les plus récents ont montré que les risques sur le développement du bébé sont minimes. Chez les femmes ayant utilisé des antidépresseurs pendant leur grossesse, le risque (plus important au cours du premier trimestre de la grossesse) de malformation, de naissance avant terme ou de fausse couche (1,5 % des cas) est légèrement supérieur à celui observé dans la population générale (1 % des cas), mais il peut aussi être dû à d'autres causes associées (consommation d'alcool, tabagisme, âge avancé, etc.).
Des complications néonatales dues à la prise d’ISRS peuvent survenir dans 20 à 30 % des cas. Elles se manifestent, chez le nouveau-né, par des signes de nature et de gravité variées (insuffisance respiratoire, difficulté à s'alimenter, agitation...), peu graves et passagers pour la majorité des enfants (une hypertension pulmonaire peut persister chez les nouveau-nés). On retrouve aussi des malformations congénitales majeures avec les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, paroxétine, fluoxétine.
Ces symptômes sont dus soit à l'effet sérotoninergique de l'antidépresseur soit à un syndrome de sevrage.
Le risque de prématurité ou d'influence sur le poids de naissance n'est pas établi, a priori. De même, l’augmentation du risque d’hémorragie post-partum, de décès à la naissance et d’atteintes du développement moteur et intellectuel n'est pas évidente avec les données actuellement disponibles.
Néanmoins, selon plusieurs études pharmaco-épidémiologiques, les enfants qui ont été exposés in utero à des antidépresseurs, comme des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine ou de la noradrénaline (ISRS/ISRN), présenteraient des excès de malformations cardiaques congénitales, de pathologies périnatales et de troubles du développement. Une autre étude suggère que les ISRS/ISRN peuvent perturber le développement du cerveau fœtal.
Il ne faut pas non plus oublier que d'autres méthodes de traitement non médicamenteux, comme les psychothérapies, associées à une bonne hygiène de vie et à des conseils pour combattre le stress, peuvent aussi vous aider et sont parfois suffisantes pour passer ce cap difficile.