
Certains médicaments présentent l'inconvénient d'être photosensibilisants. La photosensibilisation correspond à une augmentation de la sensibilité de la peau aux rayonnements solaires, notamment aux ultraviolets.
Il est donc essentiel de lire la notice de chaque médicament avant utilisation. Le point dans notre article.
Photosensibilisation : qu'est-ce que c'est ?
La photosensibilisation est l’interaction entre une longueur d’onde efficace et une substance photosensibilisante, laquelle s'active après absorption du rayonnement lumineux.
Fonctionnement de la photosenbilisation
La peau est le siège de réactions de photosensibilisation du fait de son exposition naturelle au rayonnement solaire.
On parle de substance photosensibilisante endogène lorsque celle-ci est produite par le corps humain. Lorsqu'elle lui est apportée, on la dit exogène.
Les substances photosensibilisantes exogènes sont le plus fréquemment en cause. Il s'agit de : médicaments,produit d'application cutanée, aliment, plante.
Il s'agit par exemple des artichauts, du céleri, chrysanthèmes, citron et autres agrumes (écorces), clou de girofle, dahlia, figues, laitue, panais, persil, pissenlit et vanille. Ils sont naturellement photosensibilisants.
La substance photosensibilisante endogène la plus connue est la porphyrine. Elle est produite au cours d'une maladie métabolique appelée porphyrie.
Les symptômes de la porphyrie congénitale ont probablement donné naissance à la légende des vampires : photosensibilité, coloration rouge des dents et des ongles, amincissement des gencives, anémie autrefois traitée en buvant du sang, allergie à l'allicine (principe actif de l'ail)...
Lorsqu'il n'y a jamais eu de réaction de photosensibilisation précédente, la première cause à rechercher est un médicament.
Lorsqu'un médicament déclenche une réaction cutanée intense, avec ou sans exposition solaire, on parle de toxidermie.
Toxidermie de photosensibilisation
Le diagnostic de toxidermie de photosensibilisation est facilement posé :
- réaction cutanée exagérée, survenue quelques heures après l'exposition solaire ;
- localisation des lésions aux zones exposées.
Deux types d'éruption sont possibles :
- La phototoxicité dépend de la dose de médicaments et d'UVA reçue : rougeur cutanée douloureuse de type coup de soleil violent parfois accompagnée de véritables bulles tendues des mains et des pieds et +/- décollement des ongles.
- La photoallergie peut être déclenchée par des expositions solaires même minimes : lésions de type eczéma, souvent prurigineuses (qui grattent) pouvant s'étendre aux zones non exposées.
Toute toxidermie contre-indique la réutilisation du médicament.
Devant une réaction cutanée quelle qu'elle soit, il est important de consulter un médecin généraliste afin d'en déterminer la gravité et si nécessaire, de faire une déclaration à l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM).
Médicaments photosensibilisants
Vérifiez auprès de votre pharmacien et à l'aide de la notice d'utilisation de vos médicaments leur susceptibilité à la photosensibilisation.
Médicaments photosensibilisants per os
Les médicaments photosensibilisants per os (qui se prennent par la bouche) sont nombreux. Cette liste est non exhaustive :
- anti-inflammatoires ;
- antibiotiques : Fluoroquinolones (Ciflox®, Tavanic®,Oflocet®), Polymyxines, Griséofulvine (Griséofulvine®), Sulfasalazine (Salazopyrine®) ;
- anti-allergiques : Diphénhydramine (Nautamine®), Mequizatine (Primalan®), Prométhazine (Phénergan®) ;
- médicaments de chimiothérapie ;
- statines et fibrates, utilisés dans le traitement de l'hypercholestérolémie ;
- médicaments utilisés en neuropsychiatrie type anxiolytiques, antidépresseurs, antiépileptiques... ;
- diurétiques thiazidiques tels que l’hydrochlorothiazide (HCTZ) utilisés dans le traitement de l’hypertension artérielle, des œdèmes d’origine cardiaque, hépatique ou rénale et de l’insuffisance cardiaque chronique.
Bon à savoir : des études danoises récentes estiment que les actions photosensibilisantes de l'HCTZ entraîneneraient un risque accru de cancer de la peau ou des lèvres de type carcinome basocellulaire (risque multiplié par 1,3) et carcinome épidermoïde (risque multiplié par 6).
Médicaments photosensibilisants d'application locale
Certaines lotions sont utilisées au quotidien dans les foyers :
- Hexamidine (Hexomédine®), Chlorhexidine, Triclocarban (Septivon®, Nobacter®, Cutisan®) ;
- Péroxyde de Benzoyle (Cutacnyl®, Eclaran®, Effacné®, Panoxyl®, Pannogel®) ;
- Kétoprofène, particulièrement photosensibilisant sous forme de gel(Ketum®).
La consommation d'une de ces molécules n'est pas totalement incompatible avec une exposition solaire mais mieux vaut bien se protéger avec de la crème solaire, des vêtements longs et un chapeau.
Il peut également s'agir d'antiseptiques, de pommades anti-allergiques, de pommades anti-acnéïques ou anti-inflammatoires.