
L'apnée médicamenteuse est rare mais grave puisqu'elle peut entraîner le coma, voire la mort du patient. Aussi, que ce soit en anesthésie pour une intervention chirurgicale, en médecine d'urgence pour un geste médical ou en prescription, l'administration d'opiacés et de morphine doit donner lieu à une surveillance clinique accrue.
Revenons sur la définition de la dépression respiratoire et ses causes.
Dépression respiratoire : typologie
Définition de la dépression respiratoire
La dépression respiratoire entraîne une diminution de la fréquence respiratoire ainsi que du volume d'air respiré.
Elle peut s'accompagner d'apnées plus ou moins prononcées, d'obstruction des voies aériennes supérieures entraînant un ronflement. Elle induit une baisse du taux d'oxygène sanguin et une augmentation du taux de monoxyde de carbone sanguin.
Causes de la dépression respiratoire
La dépression respiratoire est un effet secondaire médicamenteux.
Elle peut être la conséquence de l'administration d'opiacés, de benzodiazépines, de barbituriques, de neuroleptiques, d'anti-dépresseurs, d'anti-anémiques et d'antihistaminiques. D'autant plus dans le cas d'administration conjointe.
Ces médicaments peuvent être administrés dans le cas d'un traitement médical, lors d'une anesthésie générale pour une intervention chirurgicale, ou en urgence pour permettre un geste de réanimation.
Surveillance de la dépression respiratoire
Quel que soit leur mode d'administration, l'administration de ces molécules engendre de plus en plus une surveillance chronique et technique accrue (Ministère de la Santé et des services sociaux, 2009).
En effet, de nombreuses études ont mis en avant que la période du réveil de l'anesthésie constitue une période de complications à risque élevé, notamment respiratoires, sous l'effet résiduel des agents anesthésiques : 40 % conduiraient au décès (INSERM, 1983). Ces études ont eu pour effet de donner lieu à des protocoles stricts de surveillance et donc de réduire drastiquement ces complications.
Symptômes de la dépression respiratoire
Au moment du suivi post-opératoire, on prendra garde aux signaux suivants :
- l'éventuel ronflement, qui peut traduire une obstruction des voies aériennes supérieures et entraîner une hypoventilation ;
- l'état de conscience car le sommeil et la somnolence majorent les effets d'une dépression respiratoire pharmacologique ;
- l'utilisation par le patient des muscles respiratoires accessoires ;
- une ventilation à prédominance thoracique ;
- la fréquence et l'amplitude respiratoires ;
- la saturation en oxygène ;
- la douleur (notamment si elle cesse brutalement).
Bon à savoir : les symptômes évocateurs de troubles liés à l'administration chronique d'opiacés sont : un sommeil fragmenté, des étouffements nocturnes, une somnolence diurne. Dans le cas de l'apparition de ces symptômes, une surveillance ambulatoire ou hospitalière devrait être mise en place.
Population à risque
De plus, il sera important de conserver à l'esprit les facteurs de risque liés à une dépression respiratoire :
- l'âge (bébé de moins de 6 mois, personne âgée de plus de 70 ans) ;
- le surpoids éventuel ;
- le syndrome d'apnée du sommeil ;
- des pathologies respiratoires chroniques (susceptible de décompenser lors d’une infection virale qui peut être grave, comme dans l'infection à SARS-CoV-2, par exemple) ;
- un patient qui n'a jamais pris d'opiacés ;
- une personne souffrant d'insuffisance rénale ou hépatique ;
- une personne ayant subi un traumatisme crânien ;
- les autres médicaments pris par le patient, notamment ceux qui ont un effet dépressif sur le système nerveux central.
Importance de la surveillance clinique
La surveillance clinique accrue est d'autant plus importante qu'une dépression respiratoire peut entraîner d'autres complications : embolie pulmonaire ou arythmie cardiaque soudaine.
La dépression respiratoire reposant sur l'administration médicamenteuse de dépresseurs du système nerveux central, elle doit faire l'objet d'une surveillance clinique, que ce soit en post-opératoire ou lors de prescription d'opiacés de façon chronique. Il est également important d'évaluer la pertinence de l'administration d'analgésiques par le patient.
Les dernières années ont vu une réduction des accidents de dépression respiratoire par la prise en compte de ces données mais des études restent à être faites pour établir des protocoles plus clairs et étudier plus spécifiquement les risques de survenue.
Bon à savoir : les opiacés étant de plus en plus prescrits pour des périodes prolongées, il faut tenir compte de leur impact sur la respiration nocturne : respiration ataxique chez 70 % des patients, d'autant plus que le sommeil potentialise ses effets. Un traitement possible de ces effets est donc de diminuer la dose, voire de renoncer au traitement !
Pour aller plus loin :
- Qu'est-ce qu'un effet secondaire ?
- Toutes les infos pour reconnaître une perforation du poumon.