Antibioprophylaxie

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Le terme antibioprophylaxie désigne le procédé par lequel un antibiotique est administré par voie orale ou intra-veineuse, dans un but préventif, lorsqu'il existe un risque infectieux bactérien particulier.

L'antibioprophylaxie est différente de l'antibiothérapie curative, qui consiste à traiter une maladie déjà existante par des antibiotiques. Faisons le point à ce sujet.

Antibioprophylaxie en chirurgie et endoscopie

L'antibioprophylaxie en chirurgie vise à diminuer le risque d'infection au niveau du site opératoire. Le risque dépend du type de chirurgie et des antécédents du patient (immunodépression, certaines pathologies cardiaques ou encore obésité). La décision de mettre en œuvre une antibioprophylaxie se décide lors de la consultation pré-opératoire.

L'antibioprophylaxie est débutée avant l'intervention (en général 30 minutes avant) de façon à ce que l'antibiotique soit présent avant la contamination bactérienne, elle est le plus souvent limitée à la période opératoire et se prolonge parfois à 24 voire 48 heures.

Certains gestes d'endoscopie digestive nécessitent parfois la mise en place d'une antibioprophylaxie en raison du risque de passage de bactéries dans le sang.

Antibioprophylaxie et grossesse

Lors de la grossesse, le dépistage du portage du streptocoque du groupe B est réalisé de manière systématique entre 34 et 38 semaines d'aménorrhée, par prélèvement vaginal :

  • Cette bactérie est physiologiquement retrouvée dans la flore vaginale de 2 à 25 % des femmes enceintes. Le dépistage est systématique car le streptocoque B, transmis à l'enfant lors de l'accouchement, peut être à l'origine d'infections néonatales sévères.
  • En cas de portage positif, l'antibiothérapie est débutée au cours du travail, de manière précoce, au moins 4 heures avant l'accouchement.  Elle est réalisée en intraveineuse, toutes les 4 heures jusqu'à l'expulsion.

Antibioprophylaxie : prévention du risque infectieux dans certaines pathologies

Certaines pathologies entraînent un risque de développer des infections bactériennes sévères. À titre d'exemple, on peut citer la prévention de l'endocardite infectieuse et le cas des personnes splénectomisées.

Prévention de l'endocardite infectieuse

L'endocardite infectieuse est la greffe de bactéries sur une valve cardiaque, à l'origine d'une destruction de celle-ci et de conséquences parfois gravissimes. Souvent, la valve atteinte est déjà lésée ou fragile.

Les patients à haut risque d'endocardite infectieuse sont les suivants :

  • valve prothétique ;
  • antécédent d'endocardite infectieuse ;
  • certaines cardiopathies congénitales.

La prophylaxie consiste à prévenir le passage de bactéries dans le sang en cas de geste à risque :

  • chirurgie dentaire ;
  • certains gestes endoscopiques (endoscopie digestive en particulier) ;
  • certaines interventions chirurgicales.

Bon à savoir : si cette antibioprophylaxie a fait la preuve de son efficacité chez les patients qui présentent un risque élevé d'endocardite infectieuse, une étude a montré qu'elle n'entraînait aucune modification de l’incidence de l’endocardite infectieuse chez les patients à risque faible/inconnu d’endocardite infectieuse.

Antibioprophylaxie chez les splénectomisés 

L'asplénie est consécutive au dysfonctionnement de la rate (asplénie fonctionnelle, par exemple dans les drépanocytoses et les thalassémies) ou à l'absence de rate suite à son ablation ou à une malformation congénitale.

La rate joue un rôle fondamental dans l'immunité face aux infections à bactéries dites encapsulées comme le pneumocoque (streptococcus pneumoniae) :

  • Les personne atteintes d'asplénie présentent ainsi un risque d'infections sévères devant ce type de bactérie.
  • La prévention de ces infections chez ces personnes est primordiale et comporte une antibioprophylaxie ainsi qu'une vaccination contre le pneumocoque.
  • La prise d'antibiotiques dans ce contexte est régulière et souvent prolongée.

Antibioprophylaxie post-exposition

Elle vise à prévenir l'apparition d'une infection bactérienne en cas d'exposition, et à limiter l'expansion de certaines épidémies, par exemple suite à l'exposition au méningocoque ou encore après une morsure de tique.

Exposition au méningocoque

Le méningocoque est une bactérie responsable d'infections méningées parfois gravissimes, dans un contexte souvent épidémique. Lorsqu'un cas d'infection est déclaré, le médecin de ville ou le médecin hospitalier œuvrent en lien avec le médecin de veille sanitaire afin de retrouver les sujets contacts et de leur proposer une antibioprophylaxie.

Les sujets contacts sont les personnes qui ont été exposées aux sécrétions rhino-pharyngées de la personne malade (contact rapproché, en face à face et de durée suffisante) pendant sa période de contagiosité, soit dans les 10 jours qui précèdent son hospitalisation.

L'antibioprophylaxie est instaurée le plus rapidement possible, idéalement dans les 24 à 48 heures suivant l'identification du cas d'infection invasive à méningocoque.

Antibioprophylaxie et morsure de tique

Les tiques peuvent être à l'origine de la transmission de la maladie de Lyme, infection bactérienne responsable de symptômes neurologiques, rhumatologiques et cutanés.

En cas de morsure de tique récente, et en l'absence de symptômes évocateurs, l'antibioprophylaxie n'est pas systématique. Elle est envisagée dans les cas suivants :

  • femme enceinte, enfant de moins de 8 ans ;
  • patients immunodéprimés (baisse des défenses immunitaires) ;
  • durée d'attachement de la tique > 48 heures, ou durée inconnue mais tique gorgée de sang au moment du retrait.

Dans certains cas d'infection récidivante, la question de l'antibioprophylaxie peut se poser afin de limiter la fréquence d'apparition de l'infection. Elle se discute par exemple en cas de cystite récidivante. La cystite est l'infection urinaire basse de la femme.

On parle de cystite aiguë récidivante à partir du quatrième épisode en 12 mois. L'antibioprophylaxie est proposée chez les femmes qui présentent au moins une cystite par mois.

Deux solutions sont possibles :

  • antibioprophylaxie continue (pendant au moins 6 mois) ;
  • antibioprophylaxie après les rapports (dite « post coïtale ») si les rapports sexuels sont à l'origine des cystites.

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