Les hormones androgènes sont souvent résumées à leur rôle fondamental dans le développement masculin, mais leur influence s'étend bien au-delà de cette sphère. Présentes en quantités moindres chez la femme, ces hormones entraînent néanmoins un impact dans divers aspects de la physiologie féminine. Mais une surproduction d’androgènes peut provoquer un ensemble de symptômes perturbateurs, une situation connue sous le nom d'hyperandrogénie.
PagesConseils explore en détail leur action chez les hommes et les femmes, les conséquences potentielles d'une surproduction et les traitements disponibles pour modifier les taux d'androgènes.
Que sont les hormones androgènes ?
Les hormones androgènes, parmi lesquelles la testostérone, constituent un groupe d'hormones stéroïdes naturellement produites par les testicules de l’homme et par les ovaires de la femme. Une petite quantité est également produite par les glandes surrénales chez les deux sexes.
Définition des hormones androgènes
Les hormones androgènes, plus communément nommées androgènes, appartiennent à la classe des hormones stéroïdiennes, classe dans laquelle se retrouvent également les œstrogènes, les progestatifs ou encore les glucocorticoïdes.
Découverts dans les années 1930, les androgènes sont naturellement présents dans le corps humain. Ils le sont tout particulièrement chez l’homme, où ils interviennent dans la mise en place des caractères masculins. Mais ils existent également chez la femme en plus faible quantité. Si l'androgène le plus connu reste la testostérone, d'autres jouent un rôle en quantité moindre au sein de l'organisme. C’est notamment le cas de la déhydroépiandrostérone (DHEA), du sulfate de déhydroépiandrostérone (DHEAS) ou de l’androstènedione.
Chez l'homme, ces substances organiques sont responsables de la virilité, de la libido et de la spermatogenèse. Elles contribuent également au développement musculaire et osseux.
Sécrétion des hormones androgènes
La testostérone est l'hormone androgène la plus présente chez l'homme. Elle représente 95 % des androgènes circulants. Si la testostérone est principalement produite par les testicules, cette hormone peut être sécrétée dans d'autres régions de l'organisme. Elle peut notamment être sécrétée en faible quantité dans les glandes surrénales, situées au-dessus de chaque rein. C'est d'ailleurs dans ces glandes que la DHEA et l’androstènedione sont produites. En plus de leur production au sein des surrénales, la testostérone est parfois sécrétée en petite quantité au niveau du cerveau et des ovaires chez la femme.
Quel est le rôle des hormones androgènes ?
Chez la femme, les androgènes ont un impact important dans la santé des os, la libido et le bien-être général. Elles contribuent également à la régulation du cycle menstruel.
Androgènes : un rôle essentiel chez l'homme
Les hormones androgènes sont souvent connues pour leur rôle dans la mise en place des caractères masculins. Elles permettent notamment d'induire la différenciation ainsi que le développement des organes reproducteurs masculins. Au moment de la puberté, elles participent également à l'apparition des caractères secondaires masculins. Les hormones androgènes contribuent ainsi :
- au développement du squelette, avec des os plus épais et plus grands ;
- à l'augmentation de la capacité musculaire ;
- à l’apparition d’une pilosité plus marquée ;
- à l’apparition d’une pomme d’Adam plus marquée ;
- à l’apparition d’un changement de voix avec la voix qui mue ;
- à la croissance des organes sexuels ;
- à la modification du comportement, permettant la reproduction.
Androgènes : précurseurs indirects d'hormones féminines
Les hormones androgènes ont aussi une fonction de précurseur dans la production d’autres molécules. Elles permettent notamment la synthèse de certaines hormones sexuelles féminines comme l’œstrogène.Cette conversion est assurée par l'enzyme aromatase.
Quelles sont les conséquences d’une surproduction d’androgènes ?
Dans certains cas, une surproduction d’androgènes peut survenir. Il s’agit alors d'hyperandrogénie. Ce dysfonctionnement est généralement diagnostiqué chez la femme et se manifeste par différents symptômes comme :
- l’hirsutisme, c'est-à-dire le développement d’une pilosité excessive sur le visage, le corps et le pubis de la femme ;
- la mise en place d’une acné persistante chez certains sujets ;
- l’aménorrhée chez certaines femmes, c'est-à-dire l’absence de menstruations (règles).
L'hyperandrogénie peut également entraîner une infertilité chez la femme et peut aussi être à l'origine d'une alopécie (perte de cheveux) androgénétique.
Cette hyperandrogénie peut avoir différentes origines. Elle est notamment causée par :
- le syndrome des ovaires polykystiques, une maladie associée à un déséquilibre hormonal, mais qui n'est pas encore élucidée à ce jour ;
- certaines maladies génétiques comme l’hyperplasie congénitale des surrénales ;
- la présence d’une tumeur, notamment aux surrénales ou aux ovaires.
L'hyperandrogénie trouve aussi son origine dans l'utilisation de certains médicaments, comme les stéroïdes anabolisants.
À noter : ces informations sont données à titre indicatif. Faisant encore l'objet d'études scientifiques, ces détails peuvent être contestés ou complétés par de nouveaux résultats. En cas de doute, il est conseillé de se rapprocher d'un professionnel de santé.
Quels sont les traitements proposés ?
Pour lutter contre les symptômes de l'hyperandrogénie, des traitements ont été développés. Ces derniers sont des substances dites « anti-androgènes ». Elles permettent de limiter et diminuer l’activité des androgènes en bloquant leurs récepteurs.
Les traitements anti-androgènes sont également utilisés pour le traitement de certains cancers comme le cancer de la prostate chez l'homme.
Ils ne sont cependant pas dénués d'effets secondaires. Ainsi, selon une étude américaine, l’exposition à un traitement anti-androgénique (TAA) dans le cadre d'un cancer de la prostate serait associée à un risque accru de maladie d’Alzheimer et de démence dans les 10 années qui suivent.
Il est important de noter que ces effets secondaires sont généralement réversibles à l'arrêt du traitement. Des études plus poussées sont nécessaires pour confirmer ce lien et déterminer les mécanismes en jeu.
Les mécanismes physiopathologiques qui conduisent à la démence se développant sur plus de 10 ans : il est probable que les TAA accélèrent le processus plutôt que de le créer de novo.
D'autres types de traitements existent pour lutter contre l'hyperandrogénie, comme la pilule contraceptive ou les progestatifs. Le choix du traitement dépend de la cause du trouble, de la gravité des symptômes et de l'âge de la femme.
Surveiller régulièrement le taux des androgènes est crucial pour le traitement des symptômes liés à ces hormones chez la femme. Ce suivi aide à ajuster le traitement si nécessaire et à préserver la santé des ovaires.
Source : Jayadevappa R, Chhatre S, Malkowicz SB, Parikh RB, Guzzo T, Wein AJ. Association Between Androgen Deprivation Therapy Use and Diagnosis of Dementia in Men With Prostate Cancer. JAMA Netw Open. 2019;2(7):e196562. doi: 10.1001/jamanetworkopen.2019.6562. PMID: 31268539.