
Les médicaments psychotropes sont une catégorie de médicaments qui agit au niveau du système nerveux central en modifiant l'activité mentale. Ils sont utilisés dans les troubles psychiatriques pour modifier la perception des sensations, l'humeur ou la conscience. Leur toxicité et les effets indésirables qu'ils peuvent induire nécessitent une surveillance médicale et des précautions d'emploi particulières.
Différents médicaments psychotropes
Les 5 principales classes thérapeutiques des médicaments psychotropes sont :
- les antidépresseurs, qui agissent sur les symptômes de la dépression (44 % des sujets souffrant de dépression sévère ne répondent pas ou seulement partiellement aux traitements) ;
- les neuroleptiques et antipsychotiques, qui ont une action tranquillisante sur certains délires ou sur la désorganisation des pensées ;
- les hypnotiques ou somnifères, qui facilitent l'endormissement et améliorent la durée de sommeil ;
- les anxiolytiques ou tranquillisants, qui soulagent la tension anxieuse physique et psychique ;
- les thymorégulateurs ou normothymiques, qui soignent les troubles de l'humeur.
D'autres médicaments (antiépileptiques, narcotiques...) ont aussi une action psychotrope.
Actions des médicaments psychotropes
Les médicaments psychotropes permettent d'atténuer les symptômes de la souffrance psychique et sont une aide efficace dans le traitement de nombreux troubles psychiatriques.
Le mode d'action de ces médicaments est mal connu : on sait que les troubles psychiques sont des phénomènes complexes qui provoquent des modifications biochimiques dans le cerveau en perturbant l'action des neuromédiateurs (substances chimiques qui contrôlent les fonctions nerveuses) comme la sérotonine, la dopamine ou l'adrénaline.
Le principe actif d'un psychotrope agit sur un neuromédiateur en le remplaçant ou en le substituant, en stimulant sa production ou en bloquant son activité.
Les effets produits diffèrent selon le type de psychotrope employé.
L'effet psycholeptique ou sédatif
Il est produit par les médicaments qui entraînent une diminution de l'activité psychique comme les hypnotiques, les anxiolytiques, les neuroleptiques et les médicaments régulateurs de l'humeur.
L'effet psychoanaleptique
Stimulant le cerveau, il est produit par certains médicaments antidépresseurs et ceux qui augmentent la vigilance comme les amphétamines.
L'effet psychodysleptique
Perturbant l'activité cérébrale, il est produit par des médicaments (ou substances) qui modifient les perceptions comme les hallucinogènes et les stupéfiants (dérivés de l'opium, cannabis, cocaïne, chanvre indien...).
Cependant, ces actions symptomatiques ne sont pas suffisantes pour éliminer certains troubles mentaux chroniques ou récidivants. Il est souvent nécessaire de compléter un traitement médicamenteux par d'autres méthodes de psychothérapie, comme la psychanalyse, la thérapie comportementale ou les thérapies corporelles, qui traitent les causes profondes de ces troubles.
Le taux important d’échec au traitement pourrait aussi être lié au fait que les traitements sont essentiellement orientés vers le système nerveux central (SNC) et visent à compenser les déficits en neurotransmetteurs (sérotonine, noradrénaline et dopamine), mais sans tenir compte de l’origine de ce déficit. Par ailleurs, des publications de plus en plus nombreuses chez l’animal suggèrent qu’un déséquilibre du microbiote intestinal altérerait l’axe intestin-cerveau et serait à l’origine d’une inflammation à la fois périphérique et centrale (SNC, c'est dire le cerveau et la moelle épinière).
Précautions d'emploi des médicaments psychotropes
L'action des psychotropes sur le cerveau peut entraîner des effets secondaires dangereux souvent imprévisibles et parfois irréversibles. Chacun des médicaments psychotropes comporte ses propres effets, contre-indications et interactions qui sont indiqués sur la notice du médicament.
Les risques communs à une majorité de psychotropes sont :
- une modification du comportement ;
- une diminution de la vigilance, des confusions mentales ;
- une prise de poids et des troubles du transit ;
- une accoutumance et/ou une dépendance dues à un usage répété ;
- un syndrome de sevrage à l'arrêt du traitement ;
- de nombreuses interactions toxiques avec d'autres médicaments ;
- une augmentation de l'effet sédatif et du mal-être en cas d'association avec l'alcool ou avec certaines drogues (morphine, cocaïne, cannabis, ecstasy...).
Les médicaments psychotropes font partie des « substances vénéneuses » délivrées exclusivement sur ordonnance médicale. Leur utilisation est parfois limitée dans sa durée, pour éviter les abus et les usages détournés.
Le médecin doit, pour chaque patient, évaluer le rapport bénéfice/risque et ajuster les doses, en fonction de l'efficacité du médicament et de ses effets indésirables, tout au long du traitement et jusqu'à son arrêt.
L'arrêt d'un médicament psychotrope pris au long cours nécessite une diminution progressive des doses en concertation avec son médecin.
La France est le pays qui consomme le plus de médicaments psychotropes, 11 % des adultes ont un traitement régulier pour améliorer leur bien-être. Cette surconsommation préoccupe les autorités de santé qui recommandent de limiter leur usage.