La chondroïtine ou sulfate de chondroïtine est une substance naturellement produite par l'organisme. C'est un des composants essentiels du cartilage, mais on la trouve aussi dans les os, le derme, la cornée, et la paroi des artères. Elle contribue à assurer l'hydratation et l'élasticité du tissu cartilagineux qui soutient les os et atténue les compressions articulaires.
La chondroïtine entre dans la composition de médicaments et de compléments alimentaires utilisés en traitement d'appoint de l'arthrose. Mais depuis quelques années, certaines études d'importance remettent en question l'efficacité de ces traitements. Le point dans notre article.
Utilisations thérapeutiques de la chondroïtine
Le sulfate de chondroïtine est un produit naturel qui peut être extrait du cartilage de différents animaux (bœuf, porc, requin, poisson…). Il est utilisé depuis plus de 20 ans en médecine humaine, mais aussi vétérinaire, pour calmer certaines douleurs articulaires et maintenir la mobilité des articulations.
Médicaments à base de chondroïtine
Les médicaments à base de chondroïtine font partie de la classe thérapeutique des anti-arthrosiques symptomatiques à action lente (AASAL).
Deux médicaments oraux contiennent du sulfate de chondroïtine hautement purifié : Structum® (dosé à 500 mg/gélule) et Chondrosulf® (dosé à 400 mg/gélule) :
- Ces médicaments sont indiqués dans le traitement symptomatique à effet différé de l'arthrose de la hanche et du genou et sont le plus souvent prescrits en complément d'autres médicaments antalgiques ou anti-inflammatoires. Attention toutefois, selon une étude, la prise d'AINS en cas d’arthrose augmenterait le risque de développer une maladie cardiovasculaire, de cardiopathie ischémique et d'AVC. Il serait donc préférable de privilégier les traitements de durée brève et uniquement lorsque les symptômes sont trop invalidants.
- La posologie recommandée est de 800 à 1 200 mg par jour, en une ou plusieurs prises, au moment des repas. L'effet antidouleur n'apparaît qu'après un délai de 2 à 8 semaines de prise continue, mais il peut persister quelque temps (2 à 3 mois) après l'arrêt du traitement.
- À forte dose, ces médicaments potentialisent l'action des anticoagulants et ne sont pas recommandés en cas d'anomalie de la coagulation sanguine.
- Leurs effets secondaires possibles sont bénins. Les plus fréquents sont des réactions cutanées (érythème, prurit, eczéma…), des troubles digestifs (aigreurs d'estomac, nausées, vomissements…) et des troubles nerveux (vertiges).
- Ils sont disponibles sans ordonnance en pharmacie et ne sont pas remboursés par l'Assurance maladie.
Bon à savoir : les médicaments à base de chondroïtine sont contre-indiqués chez les enfants (< 15 ans) et en cas d'antécédent d'allergie à un des composants du produit. Ils sont aussi déconseillés pendant la grossesse et l'allaitement.
Quels compléments alimentaires à base de chondroïtine ?
De nombreux compléments alimentaires à base de chondroïtine sont commercialisés pour les problèmes de douleurs et de raideurs articulaires.
Ils sont parfois associés à d'autres substances naturelles à visée antalgique (glucosamine, harpagophytum, reine-des-prés, cassis…), à des vitamines antioxydantes (E et C), à des oligoéléments (manganèse, cuivre, zinc…) ou à des minéraux (calcium, silicium…) qui renforcent leurs actions.
La qualité et la concentration de la chondroïtine dans ces produits en vente libre sont très variables d'une marque à l'autre.
Bon à savoir : depuis 2012, les autorités sanitaires européennes ont interdit aux compléments alimentaires contenant de la chondroïtine de prétendre « soutenir la mobilité des articulations, aider à garder les genoux et autres articulations souples et flexibles, ou être un composant important du métabolisme des articulations ou de la bonne santé des articulations » (EFSA, European Food Safety Authority).
Chondroïtine : effets bienfaisants contestés
Le mécanisme d'action du sulfate de chondroïtine est encore mal connu. Les principales actions thérapeutiques de la chondroïtine seraient :
- de favoriser la reconstruction du cartilage en inhibant partiellement des enzymes (collagénases et élastases) qui détruisent le cartilage ;
- d'améliorer l'hydratation de l'articulation en participant à la formation du liquide synovial ;
- de ralentir l'action des ostéoclastes, cellules qui jouent un rôle important dans la perte de substance osseuse ;
- de diminuer le processus inflammatoire des crises d'arthrose.
La prise de chondroïtine, en traitement de longue durée (de 2 mois à 3 ans) par voie orale, permet un soulagement significatif des douleurs de l'arthrose du genou ou de la hanche dans 70 % des cas.
Cependant les nombreuses études et essais cliniques réalisés au cours de ces dernières années n'ont pas réussi à prouver une efficacité suffisante de ses actions pour ralentir l'évolution de l'arthrose.
En raison d'un service médical rendu insuffisant, les autorités de santé européennes se sont récemment prononcées sur une absence d’efficacité du sulfate de chondroïtine dans le maintien de la santé des articulations et recommandent d'autres traitements médicamenteux à effet rapide pour soulager les douleurs de l’arthrose : antalgiques, ou anti-inflammatoires (AINS) oraux et topiques, corticoïdes en injection intra-articulaire, acide hyaluronique en injection intra-articulaire.